Pacific Palace

L'univers de Spirou continue de se décliner sous de nombreuses formes, entre série classique résolument moderne, version super-héros « Super-Groom » décalée, aventures de jeunesse de Champignac, aventures de Zorglub et de sa fille... Le plus intéressant réside toujours dans ces « Spirou de ... » qui sont autant de cartes blanches à des auteurs, pas de côté graphiques mais aussi narratifs. Durieux, qui a excellé dans les séries Jeunesse comme en « Aire Libre », reprend le canevas du groom Spirou, flanqué d'un intérimaire gaffeur, Fantasio bien sûr, plus adulte, plus excentrique et véritable détonateur de l'action par ses ratés. Spirou, très lisse, par ses joues arrondies comme par son regard toujours étonné, est comme un spectateur d'un théâtre subtil, humain, amoureux, politique et policier, qui se joue dans ce bel hôtel. Le Palace a été réquisitionné pour le séjour d'un dictateur, qui évoque fortement Ceaucescu. Odieux, entouré de sinistres gardes du corps, menaçant, le personnage est aussi la cible d'un complot annoncé. Mais qui est le futur coupable ? La satire politique se double d'un « whodunit » par anticipation, où chaque personnage est soupçonné tour à tour. Fantasio, incurable Don Juan, vient embrouiller tout cela, alors que Spirou n'a d'yeux que pour Elena, mystérieuse fille du monstre. Ce ballet équivoque se joue dans des décors épurés, une ambiance feutrée et un dessin très doux, qui rapprochent le lecteur d'un Spirou bien séduisant... et séduit !